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Adults-Only, Paris musées

Exilé de son pays natal, Richard Lindner arrive à New York en I942. Il s’y reconnaît immédiatement chez lui: ce sentiment instinctif de liberté ne le quittera plus. Illustrateur reconnu et publicitaire à succès, avant d’en être las et de préférer les stimuli de l’enseignement, sa première exposition en I954 chez Betty Parsons – un échec commercial – est immédiatement applaudie par l’intelligentsia new-yorkaise, en particulier par le jeune critique Robert Rosenblum. Nul doute que le souvenir de la Neue Sachlichkeit, en rupture avec l’abstraction et l’expressionnisme, telle que l’avaient revendiquée certains de ses contemporains, en peinture, George Grosz et Max Beckmann – également exilés à New York – ou, en littérature, Bertolt Brecht comme, en musique, Kurt Weill, ait contribué à cette reconnaissance.
Après quelques expériences de constructions picturales où il affirme sa complicité avec ses aînés Fernand Léger et Amédée Ozenfant, eux aussi réfugiés à New York, Richard Lindner explore la ville, dont il est le touriste impénitent. Expression de passions oniriques, sonores, par les gammes de couleurs artificielles et l’outrance cosmétique des masques, le désir torturé de Lindner plonge d’abord aux racines de la culture  et  du  romantisme  allemands.   Les   particularismes

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mythiques de Prusse – il est né à Hambourg – et de Bavière il est élevé à Nuremberg avant d’étudier à Munich, puis à Berlin – sont au cœur de son univers syncrétique. Habité par une obsession corporelle convulsive, hanté par la cruauté des supplices médiévaux dont la ville de Nuremberg s’enorgueillissait, le peintre se projette d’abord dans l’imaginaire du héros historique sauvage qu’il s’est choisi, le Wunderkind et l’incarnation vivante qu’il replace en contrepoint dans son contexte personnel: Kaspar Hauser. Entre 1950 et 1960, le théâtre complexe de l’éducation adolescente s’enrichit de la dimension ludique du cirque, dont il transforme les numéros. Pour Calder comme pour Saul Steinberg, les pistes des Barnum Brothers offrent une métaphore de l’innocence première : Lindner se lapproprie de même, la connotant d’accents sombres et autobiographiques. Premières peintures, sourdes réminiscences des conflits de l’enfance. Jeux interdits, pulsions pubères, silence des sensations, magnétisme des regards: l’inspiration recourt aux sources originelles du vécu. L’artiste confirmera d’ailleurs combien ces premières toiles recèlent d’allusions au voyage initiatique freudien et au surréalisme récurrent. La forte personnalité  de  sa  mère  –  son   physique  de  walkyrie,  son

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Exilé de son pays natal, Richard Lindner arrive à New York en I942. Il s’y reconnaît immédiatement chez lui: ce sentiment instinctif de liberté ne le quittera plus. Illustrateur reconnu et publicitaire à succès, avant d’en être las et de préférer les stimuli de l’enseignement, sa première exposition en I954 chez Betty Parsons – un échec commercial – est immédiatement applaudie par l’intelligentsia new-yorkaise, en particulier par le jeune critique Robert Rosenblum. Nul doute que le souvenir de la Neue Sachlichkeit, en rupture avec l’abstraction et l’expressionnisme, telle que l’avaient revendiquée certains de ses contemporains, en peinture, George Grosz et Max Beckmann – également exilés à New York – ou, en littérature, Bertolt Brecht comme, en musique, Kurt Weill, ait contribué à cette reconnaissance.
Après quelques expériences de constructions picturales où il affirme sa complicité avec ses aînés Fernand Léger et Amédée Ozenfant, eux aussi réfugiés à New York, Richard Lindner explore la ville, dont il est le touriste impénitent. Expression de passions oniriques, sonores, par les gammes de couleurs artificielles et l’outrance cosmétique des masques, le désir torturé de Lindner plonge d’abord aux racines de la culture  et  du  romantisme  allemands.   Les   particularismes

mythiques de Prusse – il est né à Hambourg – et de Bavière il est élevé à Nuremberg avant d’étudier à Munich, puis à Berlin – sont au cœur de son univers syncrétique. Habité par une obsession corporelle convulsive, hanté par la cruauté des supplices médiévaux dont la ville de Nuremberg s’enorgueillissait, le peintre se projette d’abord dans l’imaginaire du héros historique sauvage qu’il s’est choisi, le Wunderkind et l’incarnation vivante qu’il replace en contrepoint dans son contexte personnel: Kaspar Hauser. Entre 1950 et 1960, le théâtre complexe de l’éducation adolescente s’enrichit de la dimension ludique du cirque, dont il transforme les numéros. Pour Calder comme pour Saul Steinberg, les pistes des Barnum Brothers offrent une métaphore de l’innocence première : Lindner se lapproprie de même, la connotant d’accents sombres et autobiographiques. Premières peintures, sourdes réminiscences des conflits de l’enfance. Jeux interdits, pulsions pubères, silence des sensations, magnétisme des regards: l’inspiration recourt aux sources originelles du vécu. L’artiste confirmera d’ailleurs combien ces premières toiles recèlent d’allusions au voyage initiatique freudien et au surréalisme récurrent. La forte personnalité  de  sa  mère  –  son   physique  de  walkyrie,  son

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